Le mariage pour les couples de personnes de même
sexe ainsi que l’accès à l’adoption pour ces mêmes couples sont en voie de légalisation et peu importe la manifestation des opposants de ce dimanche 13 janvier. Les Français y
sont favorables (56% selon les derniers sondages) et la loi devrait être adoptée très prochainement.
On peut être pour ou contre cette réforme, tous les
arguments doivent être entendus et respectés. Les religions ont leur place dans ce débat, mais pas non plus toute la place. Du reste, le texte du Grand Rabbin de France, Gilles
Bernheim, soulève des questions à ne pas négliger, mais ce texte ne doit pas devenir la Vérité absolue…
Néanmoins, entre les excès des uns, le mouvement LGBT (mouvement Lesbien Gai Bi et Trans.)
qui oublie un peu trop vite que la communauté homosexuelle reste et restera probablement minoritaire dans notre société, et des autres qui prédisent un cataclysme sociétal où chacun finira par ne
plus savoir s’il est un homme ou une femme, il faut garder la raison !
Les législateurs auront pour principale mission d’accorder les mêmes droits et devoirs aux couples homosexuels qu’aux couples hétérosexuels. Leur action devra aussi apaiser les craintes
de certains afin de ne pas embraser un pays déjà aux prises à une grave crise économique, doublée d’un conflit militaire au Mali…
La loi sera donc là, comme toujours, pour encadrer
cet élargissement du mariage et de l’adoption et comme toute loi, elle pourra être modifiée si des ajustements s’imposaient. Aussi, inutile de brandir le Code civil comme s’il
s’agissait d’un texte sacré, immuable ; il fait l’objet dans tous les domaines de modifications constantes. Et c’est normal, le code civil est au
service de la société, non l’inverse !
Ainsi, la communauté homosexuelle veut avoir le même
traitement que la communauté hétérosexuelle et là, elle est à deux doigts de l’obtenir. Mais ensuite ?
Même si l’homosexualité est de mieux en mieux acceptée dans notre Pays, à un point tel que
les Français sont favorables au mariage, il n’en demeure pas moins vrai qu’il y a toujours beaucoup d’insultes et d’agressions homophobes, faits réprimés pénalement. Combien encore d’hommes et de
femmes hésitent à faire leur « coming out » ? Combien, après avoir déclaré leur homosexualité, sont-ils rejetés par leur famille ? Combien sont la risée de collègues de
travail, d’employeurs ? Moins que par le passé, mais le phénomène n’a pas disparu, loin de là. Nombreux sont les témoignages qui font état de souffrances et de rejet…
Malgré la loi future, le chemin sera-t-il encore
long où chacun pourra sans crainte ni honte déclarer son orientation sexuelle ? C’est ce qu’on appelle la normalisation et là, ce sera la victoire…
Et le débat se corse avec la question de l’homoparentalité. Pourtant, la réalité est bien
là. Des enfants sont élevés par des parents homosexuels et pas une étude, ici ou ailleurs, ne fait état d’un réel danger pour ces enfants…
Car là où c’est le plus stupéfiant, c’est que la famille « idéale » d’un papa,
d’une maman, d’un ou plusieurs enfants, d’un animal de compagnie et tout ce petit monde dans un foyer stable et aimant n’est pas la famille dans laquelle vivent tous les enfants de France.
La famille d’aujourd’hui a plusieurs visages ; familles décomposées, familles recomposées, familles monoparentales. Et même dans la
famille dite traditionnelle, les enfants sont-ils tous heureux ? On trouve parmi ces derniers des enfants martyrisés, délaissés ou tout simplement mal dans leur peau parce que trop heureux.
Et bien entendu, dans toutes les familles, quelle que soit sa composition, il y a des enfants aimés, choyés et débordant de vie…
En revanche, là aussi, tout n’est pas rose bonbon et des défis sont à relever pour les
familles homoparentales. Déjà, le regard de la société qui ne changera pas du jour au lendemain, sur un coup de baguette magique. Il fut une
époque où les enfants adultérins étaient traités de bâtards dans les cours de récréation, des enfants de divorcés montrés du doigt. Ces faits ne remontent pas au Moyen Age ! Les enfants sont
cruels, il faudra du temps et l’intelligence des adultes pour que les enfants des familles homoparentales soient des enfants comme les autres, sans stigmatisation. Combien d’enfants cachent-ils à
leurs camarades leur situation familiale ? Combien sont la risée des copains et copines de classe ?
La loi nouvelle fera œuvre de
pédagogie, l’effet ne sera pas instantané et quand on voit la détermination des opposants au mariage pour tous, on se dit qu’il faudra du temps et de la patience pour une égalité
parfaite dans les esprits…
Pour ce qui est de l’adoption, on sait déjà que bon nombre de pays étrangers refusent de
confier des enfants à des couples homosexuels. Ces couples ne risquent-ils pas de voir leur candidature écartée avec leur nouvelle situation, alors qu’avant, en tant que célibataires, ils avaient
un meilleur accueil ? Et pas question d’adopter en France, il n’y a presque pas d’enfants à adopter…
Quant à la PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (gestation pour autrui), il
est plus raisonnable que ces méthodes de procréation soient traitées dans une loi de bioéthique avec toutes les précautions qu’il se doit.
Déjà, les Français ne sont pas favorables aux mères porteuses et dans leur ensemble ne considèrent pas que le ventre d’une femme puisse faire l’objet d’une location au même titre que le sont les
bras d’un ouvrier (cf. Pierre Bergé)
Enfin, la PMA qui est aujourd’hui accordée aux couples hétérosexuels stériles
pourrait faire l’objet d’une extension. Mais qui supportera le coût élevé de cette technique ? Au titre de l’égalité des citoyens, toute
la collectivité ? Vu l’état des finances de la sécurité sociale, la question risque de se poser de son financement.
Par ailleurs, s’il y a multiplication de ces méthodes de procréation, le droit aux origines va être encore plus important, une demande bien légitime pour ces enfants qui voudront peut-être des repères biologiques. Mais alors, qui
acceptera de faire don de sperme ? Le risque de se retrouver face à des dizaines, voire des centaines d’enfants sur le dos devra être écarté sinon plus de don…
Oui le cours de l’histoire va dans le sens d’une
reconnaissance d’un mariage pour les couples de personnes de même sexe ainsi que l’adoption pour ces mêmes couples et ce, pour la plus grande satisfaction de la communauté
homosexuelle.
Et ensuite ? Tout reste à construire, mais pas
contre la société, avec elle…