Pour nos sociétés modernes, la violence qui s’invite sans arrêt sur nos
écrans et dans nos vies, nous est de plus en plus insupportable. Les scènes qui s’offrent à nous, dont la dernière en date – le massacre à la machette d’un militaire anglais dans
un quartier de Londres – nous épouvante. A chaque vision d’horreur, nous nous sentons agressés et nous oscillons entre peur et révolte. Ces sentiments
éprouvés qui s’entrechoquent sont humains, tellement humains...
Chacun s’identifie aux victimes et le sentiment d’insécurité progresse.
Car la violence est partout : de la violence verbale aux actes terroristes en passant par des actes de délinquance, des actes d’incivilités et autres règlements de compte. Et puis la violence économique s’invite aussi dans le débat ; des ouvriers jetés hors de leurs usines sans ménagement et qui répondent à leur tour par des destructions et parfois, par des agressions.
Les chiffres devraient être là pour nous rassurer : les homicides sont en baisse constante. Et nous sommes loin de la violence de certaines parties du monde ou même des périodes de notre Histoire.
Mais l’angoisse est là. Alors, tout est bon pour faire des raccourcis, des amalgames et certains s’en font le réceptacle avec la risque de créer une bombe à retardement.
Car ne nous laissons pas abuser : nous sommes tous des victimes potentielles. C’est une violence à l’aveugle qui ne connait pas la couleur de peau, le statut social et la religion. Personne ne peut se prétendre à l’abri et donc, il revient à tous de s’en préoccuper.
Les discours sur la misère sociale ne sont plus audibles, même si les problèmes économiques expliquent aussi la violence. Mais pas seulement... Il y a des violences gratuites, des envies de se défouler pour certains, des réseaux mafieux, des problèmes d’intégration, d’assimilation... Personne ne peut les nier et à l’inverse, des populations se sentent reléguées, discriminées et cela aussi est à prendre en compte.
Comme quoi, la violence a plusieurs visages et elle doit être traitée. Pas facile, surtout en période de crise. Les fameux « il n’y a qu’à » « faut qu’on » trop souvent lancés en l’air mais la réalité est plus compliquée. Et surtout plus onéreuse. Car le nerf de la guerre, comme toujours, est bien là. Faute de moyens, les problèmes restent et empirent...
Car à laisser faire, la violence s’enkyste et d’une violence, on bascule dans une autre, de plus en plus grave, jusqu'à pouvoir embraser toute une société. Et qui aurait à y gagner ? Personne, hormis ceux qui attendent le chaos...
Alors, oui les discours de fermeté sont indispensables, les moyens sur la sécurité le sont encore plus. On dit la Justice trop complaisante, un sentiment d’impunité règnerait parmi les délinquants. Puis on apprend aussi que beaucoup de peines prononcées ne sont pas appliquées et que les prisons débordent.
La prise en compte des victimes est là aussi essentielle. Trop souvent, on entend dire que celles-ci sont encouragées à ne pas porter plainte pour ne pas faire gonfler les statistiques. Un fantasme selon les forces de l’ordre, mais cela se propage partout et c’est mauvais. Car il faut bien se dire que derrière une victime, il y a tout un entourage qui va être contaminé par la peur. Au bout du compte, une bonne partie de la population vit dans la hantise de l’agression.
Et puis, tous les problèmes sociaux qui ne doivent pas être négligés car eux aussi sont porteurs de violence. Le chômage qui détruit des familles, la misère qui s’installe, le sentiment d’être abandonnés par les pouvoirs publics. Tout cela forme un cocktail explosif...
Alors oui, la violence est là, bien ancrée dans notre société. Mais elle n’est ni irréversible, ni non plus à chaque coin de rue.
dominique bier 26/05/2013 21:23
magtuttifrutti 27/05/2013 08:17