La mode est typique d'une époque. Capable de
fédérer toute une génération autour de son style vestimentaire, de ses groupes de musique, de son art, de sa déco. Elle débarque dans nos vies, en repart presque aussitôt, peut y revenir
plusieurs saisons plus tard et parfois même s'y incruste pour y devenir "un classique". Elle nous transporte, provoque en nous une fièvre acheteuse, nous rend heureux, nous déçoit, nous rassemble
mais ne peut pas nous laisser indifférent. Bref, la mode est un perpétuel recommencement.
Nos grands-mères s'étonnent de nous voir porter la robe col Claudine de leurs vingt ans et nous damner pour des lèvres vermeilles, à la Marilyn Monroe. Surtout qu'il n'y a rien de plus tendance que le vintage. Le vieux a la cote et un vent de nostalgie souffle sur notre monde moderne. On se dit alors qu'on ne devrait rien jeter que notre fameux pantalon pattes d'eph', pièce phare des années 90, reviendra bien un jour sur les podiums. La salopette fait bien son grand come back cet été !
Alors la mode peine-t-elle à se renouveler ? Lorsqu'on jette un œil aux tendances des beaux jours 2013 (printemps et été qui finiront bien par pointer le bout de leur nez) il apparait assez clairement que la révolution stylistique n'est pas encore pour demain. Du noir et du blanc (un grand classique qui persiste et signe déjà depuis plusieurs saisons), du jean (un ancêtre qui souffle ses 140 bougies cette année), de la veste à épaulettes (grand saut dans les années 80), du cuir, du rouge, des volants, du nude, du smoking (féminisé par Yves Saint Laurent il y a déjà de cela plus d'un quart de siècle), de l'imprimé jungle (inspiration douanier Rousseau), du motif hawaïen, du carreau et du tartan (utilisé tout de même par les peuples celtiques il y a de cela plusieurs siècles).
Oui, il y a des nouveautés et avec du vieux, beaucoup de créateurs talentueux arrivent à faire de l'inédit. Mais bon, grosso modo, les matières, les coupes sont toujours plus ou moins les mêmes et reviennent régulièrement s'inviter dans nos penderies. Jamais complètement. On peut replonger dans la veste à épaulettes, mais pas dans la décennie qui l'a sacralisée, avec sa chute du mur de Berlin, son abolition de la peine de mort en France, son célèbre film Flash Dance et le Grand Bleu, ses cheveux crêpés, ses leggings fluo et ses vestes en jean délavées. Et heureusement d'ailleurs. Car la mode est dictée par les gens, les crises économiques, les guerres, les films, les influences mondiales.
Alors doit-on pour autant se dire que la mode s'essouffle et que tout a déjà été inventé ? On se demande régulièrement si on pourra encore être surpris question mode. On pense souvent avoir atteint le summum et avoir fait le tour de la question. Mais même si on fait régulièrement un bond dans le passé (crises économiques obligent), le futur est toujours ouvert au champ des possibles... Et c'est cela le plus sensationnel avec la mode...