Le nouveau Premier Ministre sera donc Manuel Valls, une des hommes politiques les plus populaires de France si l’on en croit la longue série de sondages. Du reste, 31% des Français l’ont donné favori pour succéder à Jean-Marc Ayrault à Matignon (sondage BVA pour Le Parisien/Aujourd'hui en France du 30 mars dernier).
Il semblerait que l’homme plaise à une partie de la Gauche et il serait le moins détesté de la Droite !
Le Président de la République, dans son allocution télévisée du 31 mars, a motivé son choix par : « il en a les qualités… »
On dit ici ou là que le choix s’est imposé au Chef de l’Etat et beaucoup de lancer à qui mieux-mieux : « c’est l’homme de la situation ».
Ainsi, il incarnerait la fonction par son dynamisme, par une autorité naturelle et des qualités de leader...
Mais cette incarnation suffira-t-elle ?
Ce matin, sur le plateau d’i-télé, le Sénateur-Maire de Dijon, François Rebsamen, invité de Bruce Toussaint a fait une réponse qui mérite réflexion. Alors que Christophe Barbier interrogeait le Sénateur sur les mauvais résultats de Manuel Valls en tant que Ministre de l’Intérieur : « …Il faut incarner. C’est une réussite d’incarner, c’est mon sentiment personnel en tout cas…».
Ainsi, l’apparence prendrait le pas sur les résultats. Peu importe ce qu’ils sont, le fait « d’avoir l’air » serait l’essentiel.
A l’inverse, ne pas entrer dans les habits de la fonction serait-il voué à l’échec ? On l’a souvent dit de l’ex-Président de la République qui aurait désacralisé la fonction présidentielle et qui par les formules « casse toi pauv’con ! » lui aurait fait perdre de la crédibilité.
On l’a dit également de Jean-Marc Ayrault et certains le pensent également de l’actuel Chef de l’Etat…
Mais au fond, tout cela ne serait-il pas secondaire si les résultats étaient là, positifs ? Imaginons que Jean-Marc Ayrault ait réussi l’inversion de la courbe du chômage et que notre pays ait renoué avec une belle croissance, aurait-il été ainsi congédié ? De même, Nicolas Sarkozy, a-t-il été réellement sanctionné pour son côté bling-bling ou parce qu’il n’a pas réussi à sortir le pays de la crise ?
Parce que les citoyens s’attachent aux résultats et quand ils ne sont pas au rendez-vous, ils sanctionnent.
Alors, oui, la prestance, le dynamisme, le fait de montrer sa détermination vont contribuer à renforcer la confiance envers une femme ou un homme politique, à se dire « Oui, il ou elle en veut ! ». Mais si ces incarnations révèlent qu’ils ne sont en fait que des tigres de papier, le couperet démocratique tombera !
Alors, tel l’emballage d’un cadeau, on se plait à l’admirer, on se laisse séduire mais si le contenu n’est pas à la hauteur, c’est la déception…
Mais, si pour cette fois, "le contenant était aussi prometteur que le contenu", les résultats à la hauteur des attentes, n’est-ce pas tout ce que demandent les citoyens ?
Aussi, bonne chance M. Valls…